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Construits, à partir de 1903, à la périphérie de la ville de Luxembourg, les abattoirs de Hollerich étaient les lieux «modernes» de la mort animale. La fermeture du site en 1997 a permis au quartier de se pacifier. Par la suite, les constructions ont été habitées par des occupants divers qui ont permis un entretien correct du site. La Croix Rouge et certains services de la ville ont utilisé une partie des bâtiments, tandis que les graffeurs et les skateurs se sont approprié le reste du site pour en faire leur terrain de jeu pendant vingt-cinq ans.
Aujourd’hui soucieuse de réintégrer cet ensemble dans la trame urbaine, de le relier à l’écoquartier en projet «Porte de Hollerich» et au reste de la ville, la municipalité a défini l’intérêt patrimonial de certaines constructions, souligné l’intérêt de nombreux graffs et décidé la mise en œuvre d’un projet culturel audacieux directement issu des pratiques qui se sont développées sur le site, basé sur les arts en général et les arts de la rue en particulier, ouvert à tous les habitants de tous les âges.
Notre projet prévoit la création d’un nouveau quartier dense, animé, changeant selon les heures du jour et de la nuit, avec des zones de respiration et de calme, ouvert sur la ville dans laquelle se diffusent les ondes de ses temps forts. Le mélange entre les constructions conservées – avec les traces de l’usure du temps et les fresques du street art – et les nouvelles architectures ajoute au contraste en facilitant la lecture des époques.
Les bâtiments existants subissent peu de transformations, juste ce qu’il faut pour les emmener dans leurs nouveaux usages, avec la création de portes et de fenêtres, le plus souvent par simple suppression des allèges pleines. Les traces de leur histoire sont conservées, y compris les tags qui ornent leurs façades. Les constructions neuves sont identifiables par leur réalisation en charpentes et bardages bois, qui alternent bois brut et couvre-joints colorés dans des couleurs pastel, par opposition au bâtiments existants maçonnés et couverts de graffs.
Le projet s’articule autour d’une grande halle centrale, la City Line, qui prolonge au nord et au sud le hall historique des abattoirs. Construite aussi en charpente bois, elle comporte des remplissages pleins ou vitrés jouant de triangles colorés qui font entrer une lumière joyeuse dans la construction. Cette halle forme une rue intérieure longue de 70 mètres, large près de 8 mètres, propice aux événements divers (expositions, concerts, banquets, food trucks, etc.)
Au sud, la City Line descend par paliers et s’ouvre sur une vaste esplanade qui raccorde les anciens abattoirs au futur quartier Porte de Hollerich. Les paliers sont formés par des fontaines et des bassins, comme une grande cascade urbaine.
Anticipant la méditérranéisation du climat luxembourgeois, le choix de végétalisation a été bien réfléchi, sélectionnant judicieusement des espèces plus résistantes au climat à venir, supportant la chaleur, mais aussi les hivers froids et les gelées printanières tardives fréquentes ces dernières années.
La grande halle City Line dessert successivement un restaurant avec une partie « café poussette » et une terrasse, une boutique dédiée au street art, des espaces de coworking, des studios des arts du spectacle, un pop-up store, des studios musique et vidéo, des ateliers d’artistes etc.
Les activités sportives disposent d’un bâtiment en long, sous forme d’une grande halle, la « halle du skate ». Pour recevoir les différents éléments du programme, le bâtiment doit présenter un format minimal de 90 mètres de long et 35 mètres de large, avec 8 mètres sous plafond minimum, hors épaisseur de la toiture. Afin de minimiser l’impact d’une telle halle qui pourrait écraser par sa hauteur et ses proportion la composition générale du site, le skatepark a été enfoncé d’environ 3 mètres dans le sol, l’équivalant d’un étage, réduisant ainsi notablement la hauteur totale du bâtiment.
Une passerelle piétonne au-dessus des zones de glisse permet aux visiteurs de voir les activités de BMX et de skate sans entrer dans le bâtiment. À l’est et à l’ouest de l’ensemble sportif, des murs pleins s’offrent à la créativité des graffeurs. Entre ces parois et le boulevard Pierre Dupong, une esplanade est dédiée à un skate park extérieur.
Le projet prévoit l’utilisation de la palette large des outils environnementaux pour mettre en œuvre une architecture durable et décarbonée tout en préservant l’âme des constructions existantes: serres tampons bioclimatiques, sheds orientés au nord, panneaux photovoltaïques au sud, ventilation naturelle, construction bois, confort thermique différencié selon les espaces.
